2-10 Voie Escarra

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 Voie sans "intérêt" elle remonte du mauvais rocher et des pentes d’herbes, première escalade de la face Est, ouverte le 6 juillet 1908 par J.Deixone et J.Escarra

topo d'escalade

Topo édité en 1983 par le CAF de Perpignan

Topo:
Attaquer par les rochers de la rive gauche du grand couloir
S'élever de 30 mètres environ en tirant à gauche pour entrer à l'intérieur du couloir jusqu'à hauteur d'une plateforme situé sur la rive opposée (III inf.)
Sauter par-dessus le couloir pour gagner la terrasse (facile). Continuer en suivant le fond du couloir jusqu'à un ressaut, mauvais rocher, souvent humide, prises petites et cassantes (III sup.)
ou le contourner par les rochers verticaux mais lus faciles et de meilleure qualité de la rive gauche (II inf.) et on débouche sur une partie où la pente est très faible au pied du ressaut médian.
Deux possibilités pour franchir ce ressaut:
1° continuer dans l'axe du grand couloir. Bientôt il se rétrécit jusqu'à former une cheminée très étroite qui se redresse presque à la verticale. Franchir en remontant la partie verticale puis quitter la cheminée par la rive droite dès qu’elle devient plus large et que la pente faiblit (30m. III sup. IV)
2° quitter le couloir en s'élevant en diagonale vers la gauche pendant 30 mètres environ puis monter directement au pied d'un mur vertical d'une vingtaine de mètres. Franchir directement ce mur par la droite (III sup) pour aboutir au point où l'itinéraire précédent sort de la cheminée.
De ce point continuer par le fond du couloir qui ne présente plus de difficultés, ou mieux , rejoindre par des rochers faciles le fil de l'arête intermédiaire formant la rive droite du couloir, cette dernière solution permettant de progresser à l'abri des chutes de pierres.
Suivre le fil de l'éperon (facile) jusque sous le sommet. De ce point franchir directement le ressaut sommital par des rochers fracturés très raides (30m , III) qui débouchent au sommet même ou virer à gauche et, par de faciles baquettes herbeuses gagner une brèche facile de l'arête Sud à 20 mètres sous le sommet.
Rocher généralement très délité, les plates-formes sont encombrées d'éboulis.
Horaire:1h30 à 2h30

 

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Jean ESCARRA (1885-1955)

Petite informations sur l’ouvreur:
Jean ESCARRA (1885-1955)
Il faudrait plus que quelques lignes pour parler de Jean Escarra tant sa personnalité fut riche  et montra de multiples facettes.
 
-LES ORIGINES :
Il naît à Perpignan dans une vieille famille roussillonnaise de la bonne bourgeoisie locale (un milieu de juristes et de banquiers.
Des études brillantes le conduisent à la faculté de droit de Paris où il devient docteur en droit avec 2 thèses dont l’une consacrée au droit commercial, ce sera une des grandes passions dans sa vie de scientifique ( il produira dans les années 20 un grand code qui bouleversa le droit du commerce international). Il a été reçu premier à l’agrégation  de droit privé en 1919.
-LE JURISTE :
Il commence sa carrière d’universitaire à la faculté de Grenoble, ce qui lui permit de parcourir les Alpes sans jamais perdre de vue ses chères montagnes des PO.
Nommé conseiller du gouvernement chinois, il séjourne à Pékin de 1921 à 1928.Il sera toute sa vie un spécialiste de la Chine consulté dans le monde entier .Ce gout de l’Asie, de l’aventure lointaine sera une des dominantes de sa vie.(il retournera en Chine à quatre reprises en 1933,1934,1938 et 1942 comme chargé de missions).
En 1930 il devient professeur à l’université de Paris, poste qu’il occupera jusqu’à sa mort en 1955, mis à part l’intermède de la deuxième guerre mondiale. En collaboration avec son frère, il publie » le traité de droit commercial »entre 1934 et 1937.
LE PATRIOTE ET RESISTANT :
Réformé en 1914 pour une grave affection aux yeux, il est versé dans les services auxiliaires.ll fait de nombreuses démarches pour aller en première ligne sur le front ; en 1918 sur la Somme il obtient la croix de guerre.
En 1940, il n’accepte pas la capitulation ainsi que l’arrivée des Allemands à Paris. Il gagne Londres répondant à l’appel du général DE GAULLE, s’engage dans les Forces Françaises Libres où il remplit d’importantes missions, chargé des relations extérieures de la France Libre. A la demande de DE GAULLE il revient en 1942 en Chine chargé de négocier avec le gouvernement chinois un accord de statut avec la France Libre.
DE GAULLE écrira de Jean Escarra : « Jean Escarra fut des miens tout de suite et le demeura toujours. Sa grande valeur a beaucoup servi la France quand il était difficile de la servir ».
LE MONTAGNARD :
C’est cet aspect que nous connaissons le plus. Voilà ce qu’a écrit Henry de Ségogne dans la   « Montagne et Alpinisme », revue du Club Alpin Français d’avril 1956.
 
«  Pour lui la montagne était une, il l’adorait sous tous ses aspects .Elle s’imposait  à lui tout le temps .Elle inspirait ses propos, berçait ses rêves et l’attirait invinciblement. Il aimait la montagne comme un jeune fils aime sa mère ».
Il fut d’abord un découvreur, un esprit novateur. Membre avant la guerre de 1914 de la toute jeune section du Canigou du Club alpin français. Il ouvrit en 1908 deux voies qui firent entrer la montagne dans l’histoire du Pyrénéisme. Il le dit «  cherchant à faire du Canigou un terrain d’alpinisme véritable, j’avais remarqué la grande paroi juste au-dessus du glacier »…il ajoute  «   j’ai pu le 19 juin 1908 faire un examen attentif de cette muraille : on pouvait atteindre le sommet par une voie nouvelle ».
En compagnie de Deixonne et sous le regard attentif d’Auriol, les deux compagnons de cordée venaient d’ouvrir la face est du Canigou le 6 juillet 1908 puis traverser les arêtes du Quazémi.
Malgré son travail à Paris, Jean Escarra n’a jamais perdu le contact avec ses chères montagnes catalanes.
Il fut aussi un organisateur exceptionnel. Membre du Groupe de Haute Montagne (le GHM), il est élu en 1930 au comité national du CAF puis de 1932 à 1936, il en devint son président national. Soucieux que la France participe à la conquête de l’Himalaya, il fut un des organisateurs au sein du comité français de l’Himalaya de la première expédition  française sur un sommet de plus de 8000 mètres, le Hidden Pic. Ne pouvant y participer à cause de l’âge, il voulut que les Pyrénées soient présentes par la participation de Jean Arlaud.  Après 1945 il participera à la préparation de l’expédition victorieuse à l’Annapurna en 1950. De l’aveu de Lionel Terray son efficacité fut remarquable.
Affecté par la maladie, il décède à Paris le 14 août 1955 mais Il a tenu à être inhumé  à Perpignan dans cette terre catalane et au pied du Canigou qu’ilchérissait.
On aurait pu évoquer chez J. Escarra d’autres aspects de sa riche personnalité comme le musicien : il a été un excellent violoniste. On le voit il a été un esprit vraiment universel, toujours en éveil sur le monde .Il n’était pas l’homme d’une seule entreprise, d’une seule passion.
                                                                             Jean Pierre BOBO ,septembre 2014